Photographie / Série Homeland.

Windowless, “Sans fenêtres” Série Homeland, 2018

Windowless, “Sans fenêtres” Série Homeland, 2018

Untitled 2, Homeland series 2019 .

Untitled 2, Homeland series 2019 .

Triptyque “Homme qui marche” Série Homeland, 2018.

Triptyque “Homme qui marche” Série Homeland, 2018.

Untitled 3, Série Homeland, 2018

Untitled 3, Série Homeland, 2018

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Homeland est une série photographique formulée autour de questions de transfigurations et de bouleversements urbains traitant du Maroc et de l’Afrique en général. La série est une célébration de la liberté, tout en dénonçant et en démasquant les contradictions inhérentes aux questions sociales, politiques et culturelles. Mohamed Thara utilise des dispositifs documentaires pour mettre en lumière les aspects intérieurs de la ville et de ses habitants à travers des compositions qui explorent la frontière entre public et privé dans les contextes urbains. Le confinement, la mémoire des lieux et de l’environnement sont des thèmes qui imprègnent l’ensemble de la série. Des photographies qui ont choisi de pénétrer la matière même du territoire, comme un espace de quête photographique. L’objectif est d’appréhender la frontière invisible entre le centre-ville et sa périphérie. La série rend compte des transformations et des changements qui modèlent l’espace urbain juste au-delà de la ville. Elle questionne la nature transitoire de certains territoires de la ville dans ses interstices les plus délaissés. Pour Thara, la photographie reste un outil puissant de dialogue et de questionnement qui nous invite aussi à nous interroger sur la manière dont nous regardons et bougeons dans les espaces. Au-delà du continent africain et des affects véhiculés par les photographies, les images représentent des scènes obsédantes d’êtres et de lieux en état schizophrène.

Extrait du texte du catalogue « Courants de conscience » 12éme édition des Rencontres de Bamako - Biennale Africaine de la Photographie. Sous le commissariat de Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, du 30 novembre 2019 au 31 janvier 2020.

Homeland is a photographic series formulated around questions of transfigurations and urban upheavals dealing with Morocco and Africa in general. The series is a celebration of freedom, while denouncing and unmasking the inherent contradictions of social, political and cultural matters. Mohamed Thara uses documentary devices to highlight inner aspects of the city and its people through compositions that explore the boundary between public and private in urban contexts. Confinement, memories of places and the environment are themes that permeate the entire series. Photographs that have chosen to penetrate the very material of the territory, like a space of photographic quest. The objective is to understand the invisible border between the city center and its periphery. The series reports transformations and changes that shape urban space just beyond the city. It questions the transitory nature of certain areas of the city in its most neglected interstices. For Thara, photography remains a powerful tool which could be used dialogue and questioning that also invites us to ask ourselves about the ways by which we look and move abote in spaces. Beyond the African continent and the affects conveyed through the photographs, the images represent haunting scenes of beings and places in a schizophrenic condition.

From the text of the catalog "Streams of consciousness" 12th edition of the Bamako Encounters - African Biennale of Photography. Curated by Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, from November 30, 2019 to January 31, 2020.

The Origin of Trauma.  Homeland Series, 2021. Photo printing on dibond, 80 x 60 cm. Private collection.D’un point de vue conceptuel, la banalité du mal permet une approche par contraste en matière de réflexion sur les exécuteurs qui, bien que dans sa phase initiale, me semble tout aussi féconde pour une réflexion portant sur les exécuteurs. Elle permet de quitter l’ordre du sens commun et propose une gymnastique importante à l’entendement contraint à exercer le grand écart entre un réflexe d’indignation provoqué par l’horreur des gestes et un travail analytique d’orfèvre de l’ordinaire révoltant – des dynamiques qui les soutiennent. Cette gymnastique, dans le cadre de l’analyse de la participation des exécuteurs à la violence de masse, permet précisément la mise en équation de deux termes a priori antithétiques produisant une nouveauté qualitative conceptuelle. À son tour, celle-ci permet une rupture dans l’appréhension du rôle des exécuteurs par rapport à des conceptualisations usuelles de nature situationnelle, dispositionnelle, ou encore fonctionnelle31. La notion de banalité du mal permet de détourner notre attention jusqu’ici exclusivement portée sur le hic et nunc de la violence pour l’envisager désormais comme un segment d’un vaste phénomène qui ne s’envisage non pas tant et exclusivement selon une appréhension verticale, à savoir en vertu d’une relation complexe entre l’acteur et le système, mais bien plutôt horizontalement, entre l’acteur et ses habitudes antérieures de vie à la violence de masse. Et c’est précisément dans l’articulation entre ces deux segments du phénomène que la banalité du mal appelle à une réflexion et amorce une première étape de la réponse à l’étonnement philosophique suscité par la participation des exécuteurs aux massacres de masse. Ceci permet une transition d’une démarche conceptuelle à une approche épistémologique. D’un point de vue épistémologique, la thèse de la banalité du mal permet de développer des connaissances inédites sur les exécuteurs : cette fois, ces connaissances ne sont plus le produit exclusif d’une prise en compte de la nature collective des actions dans lesquelles ils sont impliqués, et du rôle de la bureaucratie, mais plutôt de leur histoire, de leur parcours, de leur socialisation et, pourrait-on affirmer, de leur habitus. Dès lors, cet horizon montre à quel point la réflexion et la construction des connaissances dans le cadre de ce phénomène méritent de tenir compte d’un horizon temporel plus étendu que la période de crise à laquelle il est généralement confiné. Sans bien entendu pour autant expliquer à eux seuls le passage à l’acte, ces modes de vie ont une valeur heuristique importante qui met le doigt sur un phénomène largement présupposé sans qu’il ne soit empiriquement traité, à savoir l’absence morale dont font preuve les exécuteurs une fois sur le terrain des massacres. Appréhendée sous une perspective plus élargie, tant sur le plan de la durée que du contexte collectif caractérisant ces violences, la conjecture d’Arendt me permet de prolonger mes hypothèses sur le rôle du temps, de la séquence et de la trajectoire des exécuteurs déjà entamée dans mes travaux précédents32. Une exploration future consisterait à pousser davantage la réflexion sur la notion de conformité technique en lien avec les habitudes de vie des acteurs. Enfin, une seconde dimension revient à préciser le rôle de la modernité, pourtant envisagée comme cruciale pour Hannah Arendt, ou Zygmunt Bauman. En effet, de ce qui précède, on se rend compte que les conditions d’admissibilité au paradigme de banalité s’étendent bien au-delà de la présence de l’aspect civilisationnel/bureaucratique qui ne semble pas exclusif à l’avènement de celle-ci.Réflexion autour de la banalité du mal inspirée d’une conversation avec Jean-Paul Brodeur, professeur de criminologie l'Université de Montréal.

The Origin of Trauma. Homeland Series, 2021. Photo printing on dibond, 80 x 60 cm. Private collection.

Série photographique Ritus / Rites, 2018 - 2020

D’un point de vue conceptuel, la banalité du mal permet une approche par contraste en matière de réflexion sur les exécuteurs qui, bien que dans sa phase initiale, me semble tout aussi féconde pour une réflexion portant sur les exécuteurs. Elle permet de quitter l’ordre du sens commun et propose une gymnastique importante à l’entendement contraint à exercer le grand écart entre un réflexe d’indignation provoqué par l’horreur des gestes et un travail analytique d’orfèvre de l’ordinaire révoltant – des dynamiques qui les soutiennent. Cette gymnastique, dans le cadre de l’analyse de la participation des exécuteurs à la violence de masse, permet précisément la mise en équation de deux termes a priori antithétiques produisant une nouveauté qualitative conceptuelle. À son tour, celle-ci permet une rupture dans l’appréhension du rôle des exécuteurs par rapport à des conceptualisations usuelles de nature situationnelle, dispositionnelle, ou encore fonctionnelle31. La notion de banalité du mal permet de détourner notre attention jusqu’ici exclusivement portée sur le hic et nunc de la violence pour l’envisager désormais comme un segment d’un vaste phénomène qui ne s’envisage non pas tant et exclusivement selon une appréhension verticale, à savoir en vertu d’une relation complexe entre l’acteur et le système, mais bien plutôt horizontalement, entre l’acteur et ses habitudes antérieures de vie à la violence de masse. Et c’est précisément dans l’articulation entre ces deux segments du phénomène que la banalité du mal appelle à une réflexion et amorce une première étape de la réponse à l’étonnement philosophique suscité par la participation des exécuteurs aux massacres de masse. Ceci permet une transition d’une démarche conceptuelle à une approche épistémologique. D’un point de vue épistémologique, la thèse de la banalité du mal permet de développer des connaissances inédites sur les exécuteurs : cette fois, ces connaissances ne sont plus le produit exclusif d’une prise en compte de la nature collective des actions dans lesquelles ils sont impliqués, et du rôle de la bureaucratie, mais plutôt de leur histoire, de leur parcours, de leur socialisation et, pourrait-on affirmer, de leur habitus. Dès lors, cet horizon montre à quel point la réflexion et la construction des connaissances dans le cadre de ce phénomène méritent de tenir compte d’un horizon temporel plus étendu que la période de crise à laquelle il est généralement confiné. Sans bien entendu pour autant expliquer à eux seuls le passage à l’acte, ces modes de vie ont une valeur heuristique importante qui met le doigt sur un phénomène largement présupposé sans qu’il ne soit empiriquement traité, à savoir l’absence morale dont font preuve les exécuteurs une fois sur le terrain des massacres. Appréhendée sous une perspective plus élargie, tant sur le plan de la durée que du contexte collectif caractérisant ces violences, la conjecture d’Arendt me permet de prolonger mes hypothèses sur le rôle du temps, de la séquence et de la trajectoire des exécuteurs déjà entamée dans mes travaux précédents32. Une exploration future consisterait à pousser davantage la réflexion sur la notion de conformité technique en lien avec les habitudes de vie des acteurs. Enfin, une seconde dimension revient à préciser le rôle de la modernité, pourtant envisagée comme cruciale pour Hannah Arendt, ou Zygmunt Bauman. En effet, de ce qui précède, on se rend compte que les conditions d’admissibilité au paradigme de banalité s’étendent bien au-delà de la présence de l’aspect civilisationnel/bureaucratique qui ne semble pas exclusif à l’avènement de celle-ci.

Réflexion autour de la banalité du mal inspirée d’une conversation avec Jean-Paul Brodeur, professeur de criminologie l'Université de Montréal.

Last Exit, Homeland series 2019.

Last Exit, Homeland series 2019.

View of “Yvon Ngassam: I have a Dream,” 2018, and "Mohamad Thara: Homeland, " 2019 Conservatoire des Arts et Métiers. Photo: Korka Kassoguè and Bona Bell. On the 12th Rencontres de Bamako, photography Biennial, January 22, 2020.

View of “Yvon Ngassam: I have a Dream,” 2018, and "Mohamad Thara: Homeland, " 2019 Conservatoire des Arts et Métiers. Photo: Korka Kassoguè and Bona Bell. On the 12th Rencontres de Bamako, photography Biennial, January 22, 2020.

La Seconde Zone, Homeland Series, 2019.

La Seconde Zone, Homeland Series, 2019.