Installation video Ritus, 2020.

«Toute pratique rituelle, toute signification mythique, à son origine dans un meurtre réel.» René Girard - La violence et le sacré.

Ritus est une installation vidéo qui se compose de trois vidéos de 10 minutes projetées simultanément sur trois écrans. La première vidéo montre l’opération de la réparation du clitoris d’une femme après une excision, après l’ablation totale du clitoris et des petites lèvres. La vidéo aborde le rituel de mutilation génitale féminine qui se pratique généralement avant les 5 ans. La deuxième vidéo montre le rituel du sacrifice symbolisé par l'épisode d’Abraham qui accepte de sacrifier, sur l'ordre de Dieu, son fils Ismaël. Dans la tradition judéo-chrétienne, cet épisode est appelé ligature d'Isaac, car le fils à sacrifier s'appelle Isaac. L’excision est un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité de leurs femmes. Le Dieu des hommes a envoyé un bélier pour remplaçer Isaac comme offrande, mais il a oublié d’envoyer une offrande pour épargner les jeunes filles. On entend par ritus / rite un « ensemble de prescriptions qui règlent la célébration du culte en usage dans une communauté religieuse ». En ethnologie et en sociologie, les rites sont des « pratiques réglées de caractère sacré ou symbolique ». Par extension, le rite désigne une pratique réglée, une manière habituelle de faire. Pour Claude Lévi-Strauss, les rites sacrés sont l’expression d’un besoin de désordre, ou plutôt de contre ordre, une manière de vivre, à travers une mise en scène, un désir jamais réalisé. Ainsi, les fonctions symboliques du rituel tantôt interdissent ce qui entraîne la culpabilité angoissante, tantôt désinhibent, permettant ainsi à l’humanité de supporter le conflit entre les forces répressives et les impulsions.

Ritus is a video installation consisting of three 10-minute videos projected simultaneously on three screens. The first video shows the operation of repairing a woman's clitoris after an excision, after the total removal of the clitoris and the labia minora. The video discusses the ritual of female genital mutilation, which is usually performed before the age of 5. The second video shows the ritual of sacrifice symbolized by the episode of Abraham who accepts to sacrifice, on God's order, his son Ishmael. In the Judeo-Christian tradition, this episode is called the binding of Isaac, because the son to be sacrificed is called Isaac. Excision is a way for men to control the sexuality of their wives. The God of men sent a ram to replace Isaac as an offering, but he forgot to send an offering to spare the young girls. Ritus/rite is defined as "a set of prescriptions that regulate the celebration of worship in use in a religious community. In ethnology and sociology, rites are "regulated practices of a sacred or symbolic nature. By extension, the rite designates a regulated practice, a habitual way of doing things. For Claude Lévi-Strauss, sacred rites are the expression of a need for disorder, or rather a need for counter-order, a way of living, through a staging, a desire never realized. Thus, the symbolic functions of the ritual sometimes forbid what leads to anguishing guilt, sometimes uninhibit, thus allowing humanity to bear the conflict between repressive forces and impulses.

Ritus Installation - Mohamed thara 2020
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Installation vidéo Ritus, 2020. (Deux projections vidéos)« Les services cérémoniels échangés par des populations, L’interprétation du rite suit, un parcours sinueux. L’idée de la mise à mort des animaux, une sorte de sacrilège ou de crime que le rit…

Installation vidéo Ritus, 2020. (Deux projections vidéos)

« Les services cérémoniels échangés par des populations, L’interprétation du rite suit, un parcours sinueux. L’idée de la mise à mort des animaux, une sorte de sacrilège ou de crime que le rituel parviendrait à rendre légitime en effectuant une « transfiguration symbolique de l’animalité », mais s’oriente peu à peu vers l’idée que cette mise à mort constitue, en tant que telle, un élément crucial de « l’organisation culturelle de l’espace », c’est-à-dire de la reproduction de l’ordre social et du marquage des frontières séparant les groupes humains les uns des autres. Toutefois, on ne voit pas clairement si ces deux hypothèses sont alternatives ou complémentaires, et aucune des deux n’est suffisamment étayée. La première, empruntée à Lanternari, est la moins probante. Elle serait, à la rigueur, plausible si chacun des groupes tuait purement et simplement les animaux de l’autre groupe, autrement dit, si chacun était « l’exécuteur sacré ». Mais ce n’est pas le cas. Certes, chacun des groupes ne mange pas les animaux qu’il a élevés, seulement ceux du groupe voisin, mais c’est en commun que les hommes des deux groupes tuent toutes les bêtes, celles qu’ils ont élevées comme celles qu’ils vont manger. De toute évidence, le rituel ne se limite donc pas à faciliter la consommation des animaux. Mais, s’il a d’autres propriétés. En quoi celle-ci permet-elle de « ritualiser la mise en ordre générale du monde » concevoir le sacré comme une production culturelle collective, et l’essentiel du patrimoine immatériel et même à définir la religion par la séparation du profane et du sacré. »

Louÿs Jacques - L’espace, le temps, le sacré.

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Série photographique Ritus / Rites, 2018 - 2020.

Série photographique Ritus / Rites, 2018 - 2020.